La réalité sociale s’avère difficile à transformer à partir des théories sociales, qui bien souvent nous aident d’avantage à comprendre les changements observés, plutôt qu’à prédire les changements à venir.
Nous expliquons ce constat par le caractère complexe de la réalité. C’est-à-dire que les facteurs influençant une situation sociale sont innombrables et en interaction. Il nous faut alors abandonner l’illusion de pouvoir identifier l’ensemble des facteurs d’une situation et leur fonction, dans le but d’établir des règles universelles permettant d’agir sur le fonctionnement des groupes sociaux.
Dans les systèmes, cette complexité s’exprime à travers d’autres caractéristiques. Dans un système complexe :
Parce que nous tenons compte des principes exposés concernant la réalité et les apprentissages, nous développons une approche dite systémique et socio-technique des organisations.
Nous parlons d’approche systémique car les organisations sont des systèmes contenant des individus qui sont en interaction. Ces individus constituent eux-mêmes des sous-systèmes, et les organisations sont également contenues dans un système supérieur composé par leur environnement politique, socio-économique et culturel.
Bien entendu, on ne peut embrasser la totalité des niveaux et des objets d’un système de systèmes. En revanche, on peut identifier les facteurs, dans ces différents niveaux, qui peuvent potentiellement devenir des leviers d’action capables d’engendrer un changement important, malgré la modestie de l’action.
Nous parlons d’approche socio-technique car l’humain développe depuis toujours des technologies qui font évoluer ses activités et ses relations. En retour, l’activité et les relations humaines font évoluer les technologies, à cause de l’apparition de nouveaux besoins, du changement des comportements, d’une transformation du rapport au temps et à l’espace etc.
Aussi nous semble-il risqué d’aborder les organisations, sans tenir compte des interactions entre les relations sociales et les technologies. Selon nous, cela peut conduire à passer à côté de leviers d’action essentiels pour engendrer le changement et à investir dans des solutions vouées à l’échec, parce que non déterminantes dans le fonctionnement du système.